Extrait du site http://www.prevention.ch/lamemoire.htm :
La mémoire est
l'une des fonctions les plus importantes et l'une des propriétés les
plus passionnantes du cerveau. Pascal disait déjà : "La mémoire
est nécessaire a toutes les opérations de l'esprit". |
Qu'est-ce que la mémoire ?
C'est la fonction qui
permet de capter, coder, conserver et restituer les stimulations et les
informations que nous percevons. Elle met en jeu aussi bien les structures
physiques que psychiques.
Il n'existe pas une, mais des mémoires. En effet, en première analyse, on peut
distinguer la mémoire sensorielle, la mémoire à court terme et la mémoire à
long terme.
Quel est le rôle de ces différentes mémoires ?
La mémoire sensorielle
Extrêmement brève, elle
correspond pratiquement au temps de perception d'un stimulus par nos organes
sensoriels. La mémoire sensorielle visuelle (on dit aussi iconique) a une
persistance comprise entre 300 et 500 millisecondes. La mémoire sensorielle
auditive (ou échoïque) n'est guère plus longue.
A ces stimuli visuels et auditifs, peuvent s'ajouter des perceptions captées
par les autres sens mais qui semblent jouer un rôle moins important. Ainsi en
est-il de la mémoire sensorielle tactile (mémoire haptique).
C'est la combinaison de ces différentes perceptions qui permet l'identification
de l'information.
La mémoire à court terme
Également baptisée mémoire de travail (MT), nous la sollicitons en permanence; c'est une mémoire immédiate qui nous offre la capacité de retenir, pendant une durée comprise entre une et quelques dizaines de secondes, jusqu'à 7 éléments d'information en moyenne.
La mémoire à long terme
Contrairement aux précédentes qui effacent les données aussitôt après leur traitement, la mémoire à long terme (MLT) stocke les informations pendant une longue période et même pendant toute la vie. D'une capacité considérable, la MLT est dépositaire de nos souvenirs, de nos apprentissages, en résumé, de notre histoire.
"La Mémoire " (1945) par
René Magritte - Huile sur toile 45 X 54 cm.
Comment ce système est-il organisé ?
Evidemment, les informations que nous percevons ne sont pas déversées en vrac dans une sorte de mémoire "réservoir". Elles sont organisées et régies par des systèmes qui fonctionnent en relation permanente. On fait une distinction entre la mémoire épisodique et la mémoire sémantique, d'une part, et entre la mémoire procédurale et la mémoire déclarative, d'autre part.
La mémoire épisodique permet de se
souvenir des événements, des noms, des dates et des lieux qui nous sont
propres. Elle est très liée au contexte affectif (par exemple : hier, Julien,
en voyant un documentaire à la télévision, a appris que "Quito" était
la capitale de l'Equateur).
La mémoire sémantique concerne les concepts, le sens des mots et des symboles
(par exemple : Julien sait, sans se souvenir où et quand il a acquis cette
connaissance, que "Paris" est la capitale de la France).
Il existe également une mémoire qui concerne la forme des mots, sa
"carrosserie", sa prononciation... c'est la mémoire lexicale (ex :
"Quito" est composé de deux syllabes, commence par la lettre
"Q", se termine par une voyelle etc ... ). La mémoire sémantique et
la mémoire lexicale sont regroupées sous le terme "mémoire
verbale".
La mémoire procédurale correspond au
savoir-faire. Elle sert à réaliser des opérations complexes souvent motrices
(conduire une voiture, faire du vélo ... ) et entre probablement en jeu dans
l'apprentissage "par coeur".
La mémoire déclarative est celle du savoir dire. Elle permet d'évoquer de façon
consciente des souvenirs sous la forme de mots.
Existe-t-il une région anatomique, siège de la mémoire ?
On sait aujourd'hui qu'il
n'existe pas de "centre de la mémoire", mais plusieurs sites du
cerveau impliqués dans le traitement et la conservation des informations.
La mémoire répond ainsi au même schéma que les autres fonctions supérieures
du cerveau (la motricité, le langage, la perception, l'intelligence...)
Pour simplifier, on peut préciser que :
- la mémoire à court terme fait intervenir le cortex* préfrontal,
- la mémoire sémantique met en jeu le néocortex,
- les corps striés* et le cervelet* sont très impliqués dans la mémoire procédurale,
- la mémoire déclarative intéresse l'hippocampe*,
- l'hippocampe est également sollicité par la mémoire épisodique (en même
temps que le thalamus* et le cortex préfrontal).
Les neurobiologistes s'accordent pour conférer à l'hippocampe un rôle
essentiel. Situé au coeur du cerveau, il assure la mise en relation des
informations stockées en différentes zones cérébrales. Son intervention est
nécessaire pour faire passer les souvenirs de la mémoire à court terme vers
la mémoire à long terme.
*Voir lexique ci-dessous
Quel est le support de la mémoire ?
Un souvenir est stocké
dans un réseau de plusieurs milliers ou millions de neurones* connectés les
uns aux autres.
Sur le plan chimique, les neurones communiquent entre eux ou avec des cellules
spécialisées (musculaires, hormonales ... ) par le biais de molécules appelées
neurotransmetteurs ou neuromédiateurs*, Dans le cas de la mémoire, c'est l'acétylcholine*
qui joue un rôle essentiel. Son déficit est à l'origine de troubles mnésiques
; c'est d'ailleurs l'une des causes de la maladie d'Alzheimer.
*Voir lexique ci-dessous
"NEURO-LEXIQUE" Acétylcholine
: neurotransmetteur essentiel qui assure notamment la
"commande" des muscles. Son déficit est une des causes de
la maladie d'Alzheimer. |
La mémoire a-t-elle des limites ?
Si les mémoires
sensorielles et à court terme ont des capacités limitées au traitement de
l'information, la mémoire à long terme possède de prodigieuses facultés de
conservation.
Il nous arrive pourtant d'avoir des défaillances et d'oublier, sans pour autant
que nous ayons à nous alarmer. L'oubli n'est pas un phénomène anormal. Alfred
Jarry écrivait même : "L'oubli est la condition indispensable de la mémoire".
Pour cultiver et préserver sa mémoire, il est recommandé, d'une part d'avoir une bonne hygiène de vie, d'autre part d'exercer sa mémoire.
L'hygiène de vie.
- Le sommeil a un effet particulièrement bénéfique sur la rétention
des informations acquises la veille. Contrairement à ce que l'on a pu croire
encore récemment, on n'apprend pas en dormant, mais on retient mieux grâce à
un sommeil suffisant (8 heures au minimum pour un adolescent et un jeune
adulte), régulier et de qualité. Le recours aux somnifères hypnotiques ne
favorise pas une bonne mémoire, parce qu'ils altèrent l'une des phases
importantes du sommeil : la phase paradoxale, au cours de laquelle le processus
de mémorisation est très actif.
- D'autres médicaments peuvent avoir une action sur les performances mnésiques.
- Le tabac et plus encore, l'alcool nuisent à la mémoire. Ce dernier, à
l'origine d'amnésies lacunaires, exerce une action négative sur les
neurotransmetteurs et dans les cas d'alcoolisme chronique peut provoquer des lésions
cérébrales irréversibles.
Faire travailler sa mémoire
L'une des meilleures méthodes pour exercer sa mémoire et préserver
ses capacités de mémorisation est la lecture. En effet, elle met en jeu, en
permanence, l'attention, la perception visuelle, la reconnaissance, la
construction d'images mentales, l'organisation des informations etc... toutes opérations
qui façonnent notre mémoire.
D'autres exercices peuvent être recommandés dans la mesure où ils mobilisent
l'attention, où nous manifestons de l'intérêt, où nous stockons le matériel
à mémoriser selon une organisation, où nous faisons intervenir la répétition...
En cas de défaillances répétées et d'inquiétude sur ses capacités mnésiques,
il est utile de consulter un médecin généraliste qui pourra faire la part
entre l'anxiété, la fatigue, le stress ou un réel trouble de la mémoire et
éventuellement orienter vers une consultation à l'hôpital ou dans des centres
médicaux spécialisés dans l'évaluation de la mémoire.
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